Du nom de l’époque

Néologisme. Hygiacratie : régime politique apparu au début du XXIe siècle, reposant sur un renouveau des mouvements hygiénistes du XIXe associé aux techniques de propagande et de gouvernement des régimes totalitaires.

L’expression “Dictature sanitaire” est une bonne candidate pour nommer le temps présent. Elle se calque très bien sur l’expression “dictature militaire” en réunissant en toute simplicité l’objectif (la dictature) et le moyen (militaire / sanitaire). Elle démontre dans sa forme même l’erreur de raisonnement qu’elle produit dans la réalité : si on parle de “dictature sanitaire”, on suppose un peu vite que les moyens déployés sont de nature sanitaire, donc bons en eux-mêmes et positifs comme on l’entend en permanence. Pourtant les moyens déployés (confinement, contrôles, ..) ne sont pas de nature sanitaire. Ils deviennent sanitaires par abus de langage, pas ellipse : on a fait disparaître le mot “urgence”. En réalité, il s’agit d’une dictature de l’urgence sanitaire. Ce n’est pas tant la santé qui justifie la coercition, c’est la supposée urgence à agir. Et il faudrait préciser encore : agir vite, certes, mais agir avec des pouvoirs les plus étendus. Voilà le moyen réellement utilisé aux fins de la dictature. Ainsi, de l’expression “dictature sanitaire”, il faudrait aller jusqu’à “dictature des législations d’exception appliquées à une situation sanitaire”. On peut mieux faire.

Quand un phénomène parvient à une forme suffisamment structurée, repérable, reproductible, il convient de lui donner toute sa place dans le langage, donc dans l’accession à l’histoire, en le nommant. Je prends la liberté de lui donner ici son nom et sa définition :

Hygiacratie : nf [iʒjakʀasi] régime politique apparu au début du XXIe siècle, reposant sur un renouveau des mouvements hygiénistes du XIXe associé aux techniques de propagande et de gouvernement des régimes totalitaires.

L’hygiénisme était un compagnon de route du positivisme. Il relevait donc d’un mélange de volonté de savoir et de volonté de sacré. Ce sacré était en particulier le pouvoir supérieur de sauver l’homme, qui dériva assez vite vers la volonté politique de régenter la démographie et plus généralement de se sentir Dieu à la place du trou laissé par sa disparition. Pour ce qui est du totalitarisme, il est certain que l’on ne peut pas associer la situation actuelle à l’un des totalitarismes particuliers ayant déjà fait leur œuvre au XXe. Le lien se fait par contre facilement avec les caractéristiques fondamentales du totalitarisme comme : la désignation d’une menace (chiffres apocalyptiques quotidiens), la désignation du remède (confinement, vaccin), l’augmentation des pouvoirs exécutifs pour lutter contre la menace, la diabolisation des opposants, la formation des plus jeunes (masque à partir de 6 ans), la déshumanisation (suppression des rencontres, des enterrements, de l’accompagnement des personnes âgées, …). L’hygiacratie mérite son entrée dans le dictionnaire et sa sortie urgente de nos vies.