Du provisoire

Train fantôme. Peut-on arrêter le manège ?

Certains ont peur de la Covid. Très peur. D’autres ont peur des décisions prises au nom du virus. Très peur. Ce sont tous des terrorisés dans le même train fantôme mais ce qui effraie les uns rassure les autres et réciproquement. Ceux qui les terrorisent sont des terrorisants, (pour distinguer d’avec les terroristes). Ils sont aux manettes du manège. Ce sont de bons professionnels et ils ont compris que dans un bon train fantôme tout le monde doit avoir peur.

La peur est comme le rire : chacun a son goût. Il est difficile de faire peur à tout le monde en même temps. Mais les terrorisants ont du talent. Avec brio ils jouent sur les deux tableaux. Ils maintiennent la peur concernant la dangerosité du virus et surtout la dangerosité de comportements pouvant causer la mort atroce d’êtres chers. Parallèlement, plus cette peur est grande plus ils renforcent la pression sur les libertés, notamment en ayant prolongé l’état d’urgence jusqu’au 16 février 2021. Ceci effraie alors profondément (et à juste titre) les terrorisés de la dictature sanitaire.

Plus les terrorisés du virus sont terrorisés, plus les terrorisés de la dictature sanitaire sont à leur tour terrorisés de l’ampleur de la mystification. Et plus les terrorisés de la dictature sanitaire sont terrorisés, plus les terrorisés du virus réclament de la sécurité complémentaire pour remettre ces irresponsables assassins dans le rang. Les terrorisants ont vraiment fait du bon travail.

Même quand on n’a pas peur dans le train fantôme, il est plus amusant de jouer à avoir peur et de crier un peu, plutôt que de s’ennuyer. Alors terrorisé ou pas, un phénomène d’amplification s’effectue. Encore une fois, cela agit comme le rire, on finit par rire sans savoir pourquoi, et rire même plus fort que celui qui riait en sachant pourquoi. En prêtant l’oreille, les terrorisants dans la cabine du train entendent crier plus fort que d’habitude. Ils jettent alors un oeil sur les écrans de contrôle : un torrent d’experts, de sources sûres, d’hypothèses, de scénarios, de comparatifs, de courbes, de confusion se répand dans les médias. Les terrorisants se demandent si ce qu’ils ont imaginés n’est pas en train de se produire dans la réalité. Ce type de confusion a donné lieu à de très bons films d’épouvante. Le Monde dans un article du 20.03 rapportait la position de l’ancien directeur général de la santé à ce propos :

« Les responsables politiques, même s’ils ont des conseillers scientifiques, sont eux aussi influencés par ces “experts” du journal de 20 heures », note l’épidémiologiste William Dab, qui a occupé ce poste si sensible de directeur général de la santé. Il sait que « l’exécutif, dans son souci de rassurer la population, a envie de leur faire confiance à parts égales avec les lanceurs d’alerte ».

Cela n’est pas sans rappeler cette histoire drôle dans laquelle un pionnier américain coupe du bois, puis voulant s’en remettre à la sagesse indienne, demande à un Indien si l’hiver sera rigoureux. Et plus le pionnier coupe du bois, plus l’Indien lui fait peur à indiquer que l’hiver sera encore plus rigoureux. Car l’Indien dispose peut-être d’une autre source de savoir mais préfère se fier à autrui et juger de la rigueur de l’hiver en fonction du bois coupé par le pionnier. “Rigoureux” est le mot exact : plus le monde est terrorisé plus le gouvernement devient rigoureux, quand bien même il est lui même à l’origine de la terreur (et non pas le virus qui a cessé depuis longtemps d’être terrorisant par lui-même).

Pour mettre fin à la peur des terrorisés de la COVID, nous pouvons faire confiance à la science : un vaccin viendra. Prix Nobel. Homme de l’année. Magnifique. Mais pour mettre fin à la peur des autres, ceux qui ont peur de la dictature sanitaire, ce sera plus compliqué. Il sera difficile de nous convaincre que cette transformation d’une démocratie parlementaire en une dictature pendant 11 mois (mars 2020 – février 2021) ne crée pas les conditions futures de sa reproduction. Il suffira d’invoquer l’Urgence et le Bien pour la justifier. Nous voudrions croire que nous sommes terrorisés par erreur, parce que nos sens démocratiques sont trompés par le noir du train fantôme et notre candide envie de jouer à avoir peur. Mais l’histoire des trains n’a pas toujours été tranquille. Cela avait commencé joyeusement un mois de mars également, un 24 mars au lieu d’un 23 mars. Cela avait commencé pour une bonne cause aussi, pour la « réparation de la détresse du peuple » au lieu de « faire face à l’épidémie de covid-19 ». Et puis certains trains sont véritablement devenus des trains fantômes.